Les insoumis by Weinberg Robert

Les insoumis by Weinberg Robert

Auteur:Weinberg, Robert [Weinberg, Robert]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Bit lit
ISBN: 9782871534570
Éditeur: Lefrancq
Publié: 1999-09-02T22:00:00+00:00


CHAPITRE V

Paris – 5 avril 1994

Les portes de l'Opéra étaient fermées à clef.

« Pas le temps de finasser », dit McCann, saisissant la poignée de l'un des battants ouvragés. Il tordit. Avec un craquement, le mécanisme céda.

« Après toi », dit-il, tirant la porte à lui. « J'ai neutralisé les alarmes, naturellement. »

« Je n'en attendais pas moins de toi », dit Alicia, en le précédant à l'intérieur de l'édifice. « Pendant ce temps, je me suis assurée que tous les gardiens étaient bien endormis à leur poste. Ils ne se réveilleront pas avant le matin. Nous pouvons fouiller partout sans craindre d'être interrompus. »

McCann rit doucement. « Nous formons une magnifique équipe de cambrioleurs. Pense à ce que nous avons raté pendant toutes ces années. »

« L'effraction est une perte de temps », dit Alicia, alors qu'ils se hâtaient le long de la galerie menant au grand escalier. « Le crime organisé est beaucoup plus profitable. »

« Manipuler les marchés des changes internationaux est encore mieux », dit McCann.

Alicia secoua la tête avec consternation. « Avec les siècles, tu as perdu ton sens de l'aventure, McCann. Quelle excitation y a-t-il dans le commerce de l'argent ? »

« L'excitation de la victoire », dit le détective, s'esclaffant de nouveau. « Un jour, le monde m'appartiendra. »

« Nous verrons », dit Alicia, avec un sourire de son cru. « Mes projets… »

Sa voix faiblit, puis mourut complètement lorsqu'ils parvinrent devant la splendeur de marbre blanc du grand escalier. « J'avais oublié à quel point c'était magnifique », déclara Alicia, les yeux brillant d'un plaisir non dissimulé. « Il s'est écoulé trop longtemps depuis ma dernière visite. »

« Je me souviens t'avoir entendu dire une fois que tu étais présente le soir de l'ouverture », dit McCann. « Tu étais l'invitée d'un roi, c'est bien ça ? »

« Alphonse XII d'Espagne », dit Alicia, contemplant les statues des Muses qui défendaient l'accès au niveau principal de la salle. « Nous étions des amis très proches. »

Elle lança un regard noir au détective, comme pour le défier de faire un commentaire. Sagement, McCann resta silencieux. « Quelle nuit c'était », déclara-t-elle avec passion. « Ces escaliers accueillaient tout le gratin de Paris. Le président de la République, le maréchal McMahon était là, ainsi que le maire de Londres avec ses shérifs, son porte-glaive et ses hallebardiers. Le Prince vampire de Paris, François Villon, assistait au spectacle, entouré de sa basse-cour comme d'habitude, et d'autres membres du clan Toréador. Au sein de la Famille, on chuchotait qu'une bonne part de l'extravagante architecture de Garnier avait été secrètement inspirée par le prince. Connaissant le penchant de Villon pour l'excès, j'ai cru, à l'époque, que c'était vrai. En voyant cette opulence un siècle plus tard, j'en suis convaincue. »

Le crépitement d'un mitraillage vint mettre un terme brutal à l'évocation d'Alicia. « On dirait que la Mafia est revenue en force », dit McCann. « Ne traînons pas. Je doute qu'elle réussisse à déborder Flavia et Madeleine, mais il est inutile de prendre des risques.



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